Des limbes, Poste 3, elle a voulu initier un nouveau départ et stopper le cycle des répétitions, la Roue de Fortune occupe le Poste 11 et le Pendu le Poste 10, habituel Champ Magnétique entre les Postes 10 et 11. Dans son cas, il s’agit vraiment d’initier un nouveau départ karmique ET transgénérationnel, faire tourner la roue du renouveau et couper le cordon qui maintient prisonnier des mémoires transgénérationnelles.

Elle veut, Poste 11, et elle agit, Poste 12, de concert : son mariage avec l’aviateur Charles Lindbergh lui ouvre les portes des vols inauguraux des débuts de l’aviation, 1925-1930, et renforce ainsi la célébrité du couple. Elle est la première femme à obtenir son brevet de pilote de vol à voile (glider), en 1930.

Sa mère et sa sœur aînée avaient fréquenté le Collège Smith, et elle émet le vœu d’aller plutôt à Vassar, où elle fera « quelque chose de différent, de complètement indépendant, en dehors du chemin tracé par sa mère et sa sœur à Smith. » Elle y fera quand même ses études, on obéit à sa mère, en 1922 !

Son milieu très aisé et mondain, son père est ambassadeur, la portait vers le luxe, les mondanités, les sorties, les conversations de salon … Mais en voyage en France, elle s’émerveille de la sobriété de l’environnement des moines de la Grande Chartreuse, deux chambres, une chapelle, un jardin pour chacun, et le silence ! On ne s’attend pas à de telles aspirations de la part d’une jeune fille fortunée qui se devait de courir les bals des débutantes à la recherche d’un beau parti.

Elle a d’ailleurs, gauche, timide et introvertie, trouvé le plus beau parti d’Amérique, le héros du moment, l’aviateur Charles Lindbergh ! Sa modestie n’en revient pas ! Elle pensait qu’elle n’arrivait pas la cheville de sa sœur aînée qui aurait mérité plus qu’elle, les regards du bel aviateur. Sa Roue de Fortune en Poste 2 la gardait en retrait, spectatrice de sa vie et de l’aisance des autres, bloquée dans sa timidité, puis, en mûrissant, se sachant appréciée, elle a pu prendre sa vie en main, déployer toute la richesse de sa personnalité et montrer toute son originalité.

Sa parfaite éducation de jeune fille de la haute société de Nouvelle Angleterre lui interdit de donner libre-cours à ses émotions, et c’est dans sa correspondance privée qu’on découvre la richesse de sa vie intérieure, et la portée de sa vie émotionnelle :  trois Lunes occupent les Postes 6, 13 et 16. Elle va les transcender par la Papesse de son Poste 4 qui lui permet d’écrire et de dévoiler ses sentiments, ce qui assigne une grande importance au Jugement : il est présent au Poste 9 de son Soi. Elle réveille les consciences endormies par la rédaction de ses journaux intimes, ses poèmes, ses réflexions …L’addition de ses Lunes à la Papesse forment une Révélation, révélation d’un talent inouï, Roue de Fortune d’une jeune fille qui dépasse les blocages de la bienséance pour se livrer par l’écriture.

Elle est clairement ouverte sur le monde spirituel, la Maison Dieu occupe son Poste 15, ce qui va la soutenir dans la très lourde épreuve du kidnapping de son fils aîné (le Bébé Lindbergh) – la Justice occupe son Poste 5 : elle s’efforcera de garder le cap et de maintenir un équilibre pour sa famille de cinq enfants qu’elle aura encore après le meurtre de son premier fils.

C’est une rareté de cumuler six Roues de Fortune dans une Etoile Evolutive, et ce cas unique illustre bien le trésor qu’était la personnalité d’Anne Morrow, venue être une mère, trois Lunes occupent les Postes 6, 13 et 16, avec la volonté de toujours se démarquer, pour le meilleur. L’importance du Jugement, en arcane du Poste 9 lorsqu’il forme un Champ Magnétique avec la Papesse, lui donne le don d’écrire, et en Révélation, renforce sa capacité unique de lever les secrets au sein de sa famille et d’innover, comme aviatrice, mère de famille et écrivaine.

Son livre, paru en 1955, « Gift from the sea », « Solitude face à la mer » nous dépeint son ardent désir de solitude pour se ressourcer afin de mieux pouvoir donner. En avance sur son époque, elle exhorte à se débarrasser du superflu, et donc de sa vanité et de sa fierté, à l’instar de l’Arcane Sans Nom de son Poste 17 ; à lutter aussi contre la fragmentation de l’être, écartelé entre toutes les distractions que sa vie séculière lui offre, pour se recentrer et retrouver son unité comme l’axe central, le moyeu central d’une roue autour de laquelle tournent mille devoirs et tentations centrifuges. Elle reprend maintes fois cette image de roue (six Roues de Fortune) qui doit trouver le bon rythme grâce à la stabilité de son axe central, qu’il s’agit de nourrir par des activités créatrices, manuelles, domestiques ou artistiques. La beauté du geste d’une tâche réalisée avec amour nous ramène à l‘instant présent, impermanent, sans regard en arrière ni anxiété envers le futur, léger et beau, transcendé par son intention, dans le silence et la solitude, au moins intérieurs.

Le Jugement de son Poste 9, son Soi intrinsèque, nous parle du renouveau dans la beauté de chaque matin, chance nouvelle accordée à chaque relation. Cultivons la patience, la foi, nous dit Le pendu du Poste 10, l’ouverture et l’intuition nous dit la Maison Dieu du Poste 15 et ce sont ses trois Lunes des Postes 6, 13 et 16, déjà mentionnées, qui lui font écrire : « une mère dont les enfants sont partis, moyeu creux d’une roue privées des rayons qui tournent autour d’elle, doit se réorienter, retrouver son centre de gravité  pour vivre en pleine conscience l’intensité de ses précieux moments de solitude. »

C’est l’Impératrice, Tyrolienne de sa Colonne de Lumière, la différence entre les Postes 3 et 17, qui lui a permis de mettre en forme ses plus belles pensées d’écrivain. Sa fille, Reeve, nous confie qu’elle écrivait tout le temps, presque compulsivement, et gardait copie de tout, au papier carbone, en toute occasion. Elle avait vécu intensément, événements grandioses comme dramatiques et en garder la mémoire lui était indispensable : la Lune occupe son Poste 6, affectivité et vie émotionnelle débordent pour nourrir les autres à l’instar de ses cinq planètes, le Soleil, Mars, la Lune, Neptune et Mercure dans le signe astrologique très introverti et tourné vers le passé du Cancer. Ne rien perdre, comme si elle craignait de ne couper le lien des mémoires familiales du Pendu de son Poste 10 ou que ses six, certaines années sept, Roues de Fortune n’essorent les souvenirs de sa vie jusqu’à l’anéantissement, qu’elle subit par la maladie dans sa vieillesse.

L’Etoile Evolutive en annexe est calculée pour la sombre année 1934, avant le procès du ravisseur de son bébé Charles : le Poste 8 affiche une Roue de Fortune, une année X astrologique où on est exposé au regard de plus grand nombre, une année où il faudra avancer. Cette Etoile affiche sept Roues de Fortune. Anne Morrow Lindbergh est alors confrontée à l’absolue nécessité de rebondir, de faire avancer son destin. Une Lune en Poste 7, c’est une mater dolorosa qui pleure son fils et doit faire face pour son deuxième fils qui est né en 1932. Les années « Lune » sont des années de renonciation, de chagrin, de vie émotionnelle intense. Nous avons cette année-là quatre Lunes. Elle est enfermée dans son rôle de mère, et l’histoire se répétera par ses deux filles qui chacune perdront aussi un fils : un jeune homme de dix-neuf ans pour sa fille Anne et un bébé de deux ans pour sa benjamine Reeve.

Anne aurait pu se laisser submerger par le chagrin et sombrer : elle n’a pas d’Empereur pour endiguer ses larmes mais sa Papesse a su puiser en son heure dans ses émotions extrêmes pour écrire, Révélation d’un Jugement issu (XVIII + II) de ses Lunes et de sa Papesse.

Le double portrait d’Anne Morrow Lindbergh, astrologique et stellaire, fut présenté à l’Association Source le 15 octobre 2020 en visio-conférence.